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L’alcool reste la 3e cause de mortalité en France, après les maladies cardio-vasculaires cardio-vasculaires et les cancers.

I) Épidémiologie

1. La consommation d’alcool en France

La consommation d’alcool baisse lentement depuis une quarantaine d’années [1]. Elle est passée de 26 l d’alcool pur par personne de plus de 15 ans en 1960 à 11,9 l en 2015. Cette diminution est surtout due à une baisse massive de la consommation de vin « de table », alors que la consommation d’«agrément», de vins de qualité, augmente. La consommation de bière est pratiquement stable depuis les années 1980. Il en va de même de la consommation des spiritueux.

Malgré cette évolution, la France reste au 3e rang européen des 35 pays membres de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), après l’Estonie et l’Autriche pour la consommation des boissons alcoolisées. En Europe, les résultats sont contrastés car si la consommation a globalement suivi une évolution favorable, il persiste des exceptions notables comme celle de l’Irlande (dont la consommation a doublé depuis le milieu des années 1980). Dans le même temps, de façon globale, la consommation mondiale d’alcool a également diminué depuis le milieu des années 1980, après avoir connu une forte augmentation après la seconde guerre mondiale. Cependant il faut souligner que les modes de consommation changent : baisse des consommations quotidiennes au profit de consommations intermittentes de fin de semaine et des alcoolisations aiguës à risque ponctuel.

2. Les consommateurs

En 2014, on estimait à 42,8 millions les expérimentateurs actuels d’alcool (personnes ayant consommé au moins une fois de l’alcool dans l’année) dans la tranche d’âge 11– 75 ans et à 8,7 millions le nombre d’usagers réguliers (usage défini comme supérieur à 3 consommations par semaine pour les adultes et 10 consommations au cours du dernier mois pour les adolescents) [2]. L’âge moyen de la première consommation significative diminue et est, actuellement, situé entre 13 et 14 ans. La consommation s’accroît ensuite rapidement.

3. Les jeunes

À 17 ans, huit jeunes sur dix (67,6 % des filles et 76,2 % des garçons) déclarent avoir consommé des boissons alcoolisées au moins 1 fois dans le mois précédent. La proportion de garçons augmente avec le niveau de consommation : 3 fois plus de garçons que de filles (17,5 % contre 6,8 %) ont un usage régulier. L’ivresse touche aussi davantage les garçons. Environ 60 % des jeunes de 17 ans, deux sexes confondus, déclarent avoir déjà été ivres au cours de leur vie, dont la moitié durant l’année passée et un sur onze au moins 10 fois pendant les 12 derniers mois (dont près de trois garçons pour une fille). Il en va de même des alcoolisations ponctuelles importantes (binge drinking pour les Anglo-Saxons), définies par une consommation de plus de 5 verres en une seule occasion et sur un temps court : 55 % des garçons et 43 % des filles ont eu au moins un épisode de ce type au cours des 30 derniers jours, respectivement 4,7 % et 1,3 % au moins dix épisodes. Les bières et les prémix sont les boissons les plus consommées par les jeunes, devant les alcools forts, les champagnes et vins mousseux, les cocktails et le vin. À noter que la France se situe au 8e rang européen, sur 33 pays, pour l’usage d’alcool chez les jeunes. L’Allemagne et la Grèce ont les niveaux les plus élevés.

4. Population générale

Chez les 18– 75 ans, près de 9 personnes sur 10 déclarent avoir bu de l’alcool au moins une fois dans l’année, 38 % en consomment occasionnellement (moins d’une fois par semaine), 39 % au moins 1 fois par semaine mais pas tous les jours, 10 % tous les jours. Quel que soit l’âge, les hommes sont plus nombreux à consommer, différence d’autant plus marquée que les fréquences de consommation sont élevées. Ils sont 3 fois plus nombreux que les femmes à se déclarer usagers quotidiens (15 % versus 5 %). La consommation régulière et quotidienne d’alcool est en baisse, parallèlement à la diminution de la consommation quotidienne de vin. Malgré tout, celui-ci reste la boisson la plus consommée (39 %), devant la bière (21 %) et les spiritueux (16 %). Concernant les ivresses, là encore les hommes prédominent, d’autant plus que les épisodes sont fréquents. Ce sont les hommes de moins de 35 ans qui apparaissent les plus concernés. Chez les femmes, la prévalence est maximale chez les 18– 25 ans Usage problématique Le test AUDIT-C permet de définir 4 types de consommateurs. En 2014, 37 % des 18-75 ans étaient des consommateurs sans risque occasionnel, 11 % des consommateurs sans risque régulier, 31 % des consommateurs à risque ponctuel et 8 % des consommateurs à risque chronique. La consommation à risque ponctuel diminue nettement avec l’âge. La consommation à risque chronique est importante chez les jeunes (14 % chez les 18– 25 ans), elle est stable, autour de 7 %, entre 26 et 75 ans. Les usages à risque chronique sont en baisse parmi les 55-75 ans, stables pour les autres tranches d’âge.

5. Mortalité globale

Les dernières données publiées rapportent, en 2009, un nombre de 49 000 décès, tous âges confondus, liés à l’alcool, dont environ un tiers par cancer, un quart par maladie cardiovasculaire, 17 % par accident ou suicide, 16 % par maladie digestive et 11 % pour d’autres causes [4]. Les décès liés à l’alcool sont majoritairement masculins (75 %). Au total, 13 % des décès masculins et 5 % des décès féminins sont attribuables à l’alcool. Un décès sur 2 survient avant 65 ans. C’est dans la tranche d’âge des 35– 65 ans que cette surmortalité est la plus élevée. À noter encore que la consommation d’alcool reste très inégalitaire en termes de disparités régionales et de catégories sociales. Les ouvriers/ employés meurent 3 fois plus que les cadres supérieurs/ professions libérales. La mortalité est plus faible chez les hommes mariés, 3 fois plus élevée chez les veufs ou divorcés, intermédiaire chez les célibataires. L’alcool reste la 3e cause de mortalité en France, après les maladies cardio-vasculaires cardio-vasculaires et les cancers. Il est, après le tabac, la 2e cause de mortalité évitable. Cependant, globalement, la mortalité diminue du fait de la baisse de la consommation et de l’amélioration des traitements.

6. Évolution de la mortalité

Le taux comparatif de mortalité liée à l’alcoolisation chronique a chuté d’environ 40 % en 20 ans pour les deux sexes, un peu plus diminué chez les hommes. Cette diminution est surtout due à la très forte baisse des décès par cirrhose pour les deux sexes et par cancer des voies aéro-digestives supérieures (VADS) chez les hommes. Mortalité globale en fonction de la consommation Si la surmortalité due aux fortes consommations d’alcool est bien documentée depuis longtemps, des travaux publiés depuis une vingtaine d’années ont mis en évidence une diminution de la mortalité, toutes catégories confondues, chez les personnes consommant de faibles doses d’alcool par rapport aux abstinents et aux forts consommateurs (courbe en J). Cela est essentiellement dû à une diminution de la mortalité coronarienne (voir « Mortalité cardiovasculaire »). Dans ce cas, le risque minimal est associé à des doses comprises entre 10 et 20 g d’alcool par jour, soit 1 à 2 verres. La réduction du risque de mortalité est modérée, le risque relatif se situant, pour la plupart des études, entre 0,7 et 0,9. Des consommations plus élevées augmentent rapidement le risque de mortalité globale. La dose optimale chez les femmes (0,5 à 1 verre par jour) est plus faible que chez les hommes (1 à 2 verres par jour) [5]. Cependant, différents points doivent être soulignés : ■ chez l’adulte jeune, la mortalité globale est faible, les maladies sont peu en cause. Elle est principalement d’origine violente (suicide, accident, etc.). La consommation d’alcool l’augmente beaucoup et rapidement, même pour des doses faibles. À l’inverse, au fur et à mesure que l’âge augmente, le risque de décès par pathologies, notamment cancers et maladies cardiovasculaires, s’accroît. De ce fait, l’influence positive des faibles consommations d’alcool sur la maladie coronarienne prend davantage d’importance avec l’âge et la courbe en J, inexistante ou faiblement marquée chez les jeunes, s’accentue avec l’âge ; ■ il n’y a pas de différence démontrée entre les boissons ; ■ la diminution du risque semble plus marquée lorsque la consommation est régulière (tous les jours ou, du moins, plusieurs fois par semaine). Cela amène à penser que le mode de consommation et les facteurs qui y sont éventuellement associés (mode de vie, aspects psychosociaux, etc.) jouent probablement un rôle. À l’inverse, à consommation moyenne égale, des consommations épisodiques massives (6 verres ou plus par occasion) sont associées à une augmentation de la mortalité et des pathologies coronariennes ■ enfin, ces observations proviennent essentiellement de suivis de cohortes qui mettent en évidence des corrélations, sans permettre d’affirmer la causalité des phénomènes observés. Morbidité ■ La morbidité générale liée à l’alcool est difficile à établir. On estime qu’il y a, en France, 4 à 4,5 millions de personnes en difficulté avec l’alcool (10 % environ des adultes) dont 1 à 1,5 million de dépendants (3 à 3,5 % environ des adultes). ■ La morbidité hospitalière est mieux connue. Selon certaines études, 20 à 25 % des hospitalisations, chez les hommes, seraient en rapport avec une complication due à l’alcool (5 à 10 % des femmes). ■ En médecine générale, plusieurs études ont montré que la prévalence des patients ayant une consommation à risque ou excessive est de l’ordre de 10 % (12,5 % chez les hommes, 7,5 % chez les femmes) et 6 % seraient dépendants à l’alcool (13 % chez les hommes et 2 % chez les femmes). La prévalence des problèmes liés à l’alcool se situe donc aux alentours de 16 % des patients adultes vus en médecine générale, en consultation ou en visite (25 % chez les hommes et 10 % chez les femmes).

Bibliographie

[1] OFDT. Statistiques et infographie. Alcool. http:// http://www.ofdt.fr/ statistiques-et-infographie/ series-statistiques/ alcool-evolution-des-quantites-consommees-par-habitant/ (consulté le 17 octobre 2016).

[2] OFDT. Synthèse thématique : alcool. http:// http://www.ofdt.fr/ produits-et-addictions/ de-z/ alcool/ (consulté le 17 octobre 2016).

[3] L’état de santé de la population en France. Direction de la Recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques. In: Collection études et statistiques. 2015: 100– 103. Rapport . http:// drees.social-sante.gouv.fr/ IMG/ pdf/ rappeds_v11_16032015. pdf [consulté le 17 octobre 2016].

[4] Guérin S., Laplanche A., Dunant A., et al. Alcohol-attributable mortality in France. Eur J Public Health. 2013;23: 588– 593.

In : Lejoyeux, Michel. Addictologie (French Edition). Elsevier Health Sciences. 

II) Symptômes Cliniques

La caractéristique essentielle de la dépendance est le craving, envie souvent puissante, parfois compulsive de boire de l’alcool. Il s’y associe des difficultés à contrôler la consommationBeaucoup de temps est passé autour de la consommation d’alcool ce qui conduit à un abandon progressif d’autres sources de plaisir, d’intérêts et d’activités au profit de celle-ci. Les activités sociales, professionnelles ou de loisirs sont réduites ou abandonnées. L’utilisation de la substance est poursuivie malgré la survenue de difficultés nombreuses dont la personne sait qu’elles sont la conséquence de sa consommation. Cette dimension comportementale est essentielle au diagnostic. Elle traduit l’incapacité du sujet à gérer son comportement d’alcoolisation, alors même qu’il a conscience de son inadaptation. Sa conséquence est l’envahissement complet du champ de la vie courante par ce comportement, autour duquel s’organise dorénavant toute la vie du sujet, au détriment des autres activités. Enfin, une tolérance (nécessité de boire plus pour obtenir l’effet désiré) peut être observée, de même qu’un syndrome de sevrage. Il peut exister des complications somatiques caractéristiques (cirrhose, pancréatite, troubles neurologiques centraux ou périphériques, etc.). On peut encore retrouver des troubles du sommeil, une agressivité, des troubles cognitifs ou digestifs marqués, des signes généraux (asthénieamaigrissement).

Les problèmes relationnels sociaux, familiaux ou professionnels sont plus constants et plus précoces que les complications organiques : isolement, conflits fréquents conjugaux ou professionnels, absentéisme ou arrêts de travail fréquent, problèmes judiciaires (alcoolémie au volant). Citons encore des accidents ou traumatismes fréquents et des modifications du caractère.

Bibliographie

  1. Lejoyeux, Michel. Addictologie (French Edition). Elsevier Health Sciences.

 

III) Outils

 

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