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Troubles anxieux

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Même s’ils font partie des diagnostics psychiatriques les plus répandus, les troubles anxieux sont également parmi les plus difficiles à diagnostiquer en fin de compte

 

Le fait que l’anxiété, la peur et l’évitement soient des réactions normales et adaptatives complique les choses et entraîne irrémédiablement une certaine ambiguïté dans l’évaluation des personnes présentant des symptômes légers. De plus, les émotions liées à l’anxiété peuvent être vécues principalement comme des symptômes somatiques. La peur – réponse normale à une menace imminente réelle ou jugée réelle – est presque toujours associée à l’hyperactivité neurovégétative ; il peut être difficile pour les patients d’identifier ou de décrire une telle hyperactivité, surtout si elle est chronique.

De même, l’anxiété – expérience émotionnelle de peur qui n’est pas accompagnée par une menace claire – peut être vécue comme une tension musculaire et de la vigilance, susceptibles de se confondre imperceptiblement dans le fonctionnement d’une personne dont les niveaux d’anxiété sont chroniquement élevés. Une troisième complication réside dans le fait que plusieurs troubles anxieux sont souvent simultanément comorbides ; ils sont également comorbides avec des troubles thymiques et de la personnalité, ce qui peut rendre difficile la juste évaluation des manifestations liées à chaque diagnostic. Enfin, les définitions des troubles anxieux décrivent des phénomènes aux physiopathologies inconnues et malgré de nombreuses avancées, le champ de la psychiatrie est encore loin de pouvoir identifier formellement des catégories nosologiques en se fondant sur des étiologies sous-jacentes précises. Une évolution diagnostique importante concerne la panique, décrite de deux manières différentes dans le DSM-5.

Les attaques de panique sont désormais considérées comme faisant partie d’un large spectre de diagnostics psychiatriques et leur importance s’évalue en fonction de la sévérité, l’évolution et la morbidité ; elles peuvent désormais être identifiées comme des spécifications de tous les troubles anxieux répertoriés dans le DSM-5, mais aussi d’autres troubles mentaux répertoriés dans ce manuel. Les attaques de panique peuvent être simplement scindées en deux sous-types, à savoir prévisibles ou inattendues. Lorsque les attaques de panique persistantes induisent une peur importante et continue de nouvelles attaques de panique, le trouble panique est le diagnostic le plus probable.

Historiquement liée au trouble panique, l’agoraphobie est identifiée dans le DSM-5 comme un diagnostic distinct pouvant se développer dans le cadre d’une multitude de facteurs de stress et de syndromes psychiatriques. Comme pour la phobie spécifique et l’anxiété sociale, l’agoraphobie ne nécessite plus que les personnes de plus de 18 ans perçoivent l’anxiété comme déraisonnable.

Au lieu de cela, le clinicien peut juger si l’inquiétude est hors de proportions face au danger ou la menace réels. Pour réduire la probabilité de surdiagnostic de peurs qui seraient simplement transitoires, ces troubles doivent persister pendant au moins 6 mois pour tous les individus et non plus uniquement chez ceux de moins de 18 ans. Un changement structurel important dans le DSM-5 réside dans le fait d’avoir inclus l’anxiété de séparation dans le chapitre sur les troubles anxieux. L’anxiété de séparation exige toujours un critère d’apparition avant 18 ans mais le point positif est que, avec une prévalence de plus de 6 % dans la population adulte générale, il sera plus souvent abordé chez les adultes qu’il ne l’a été dans le passé, lorsque ce trouble était répertorié parmi les troubles des enfants et des adolescents.

Un autre changement structurel important dans les troubles liés à l’anxiété du DSM-5 est le fait d’avoir établi leur propre chapitre pour le trouble obsessionnel-compulsif et le trouble stress post-traumatique. Ces nouveaux chapitres comprennent des ensembles de troubles dans lesquels l’anxiété joue un rôle de premier plan mais qui présentent également d’autres caractéristiques (p. ex. les obsessions/ compulsions ou les antécédents traumatiques importants). Les divers troubles liés à l’anxiété sont souvent clairement différenciables mais ils peuvent également s’avérer difficiles à distinguer ; plusieurs troubles anxieux peuvent être présents en même temps et sont souvent comorbides avec la plupart des autres diagnostics psychiatriques.

Un motif principal de consultation lié à « l’anxiété » ne fonde pas le diagnostic mais est plutôt le début d’un processus de pensée clinique qui peut renvoyer à l’ensemble des domaines abordés dans le DSM-5.

“I like the things around me to be beautiful & slightly dreamy, with a feeling of worldliness.”

Elliot Forson

Suggestions de lecture

Horwitz AV, Wakefield JC. All We Have to Fear: Psychiatry’s Transformation of Natural Anxieties Into Mental Disorders. New York: Oxford University Press; 2012.

Milrod B. The Gordian knot of clinical research in anxiety disorders: some answers, more

Bibliographie

Barnhill, John W.; Crocq, Marc-Antoine; Boehrer, Alexis. DSM-5 – Cas cliniques (French Edition). Elsevier Health Sciences.

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