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“Legion” saison 2 : toujours plus avant dans le labyrinthe de la folie

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“Legion” saison 2 : toujours plus avant dans le labyrinthe de la folie

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Les aventures du super-héros schizophrène pilotées par Noah Hawley reprennent pour une deuxième saison. Toujours aussi virtuose, le puzzle narratif se frotte à des influences nouvelles, et la folie gagne du terrain.

Entre deux saisons de Fargo, sa relecture ouvragée du chef d’œuvre des frères Coen en forme d’extension télévisuelle de leur imaginaire de neige et de sang, le showrunner Noah Hawley s’était offert l’an dernier une parenthèse remarquée. En s’emparant de la figure de David Haller, le fils schizophrène du célèbre mutant Charles Xavier (le Professeur X de la franchise X-Men), il se livrait à un précis de décomposition ludique du genre super-héroïque.

Du film noir à la comédie musicale, les univers s’y entrechoquaient en une symphonie pop délicieusement rétro, peu à peu rongée par une angoisse horrifique. L’adoption du point de vue d’un personnage à la psyché disloquée donnait lieu à un puzzle narratif foisonnant, à la lisière de l’expérimental.

On est quel jour ?

Après avoir fui l’hôpital psychiatrique dans lequel il était enfermé et affronté le « Shadow King » Amal Farouk avec l’aide de ses nouveaux alliés mutants, David avait été happé par un drone en forme d’orbe métallique. La première surprise de cette nouvelle saison est de jouer sur le temps qui s’est écoulé depuis la précédente.

Quand le fantasque Olivier, désormais possédé par l’esprit de Farouk, lézarde sous le soleil d’une piscine très hockneyenne, la jeune femme qui l’accompagne lui susurre un énigmatique « Quel jour on est ? ». Plus qu’un clin d’œil au final hagard de la saison 3 de Twin Peaks, cette interrogation infuse chaque replis du premier épisode mis en ligne : s’il pense sortir de quelques heures de captivité quand ses compagnons d’arme le libèrent, David a en réalité disparu depuis presque un an. La confusion psychologique du premier chapitre se double alors d’une confusion temporelle.

Folie pour tous

L’identité diffractée de show, faite d’incessantes variations de formes (cadre bondissant du 16/9 au Scope, intermède en animation) et de registres, s’affirme avec plus d’aisance, soutenue par des moyens à la hausse. Elle s’enrichit en outre des commentaires d’un mystérieux narrateur interprété par John Hamm (le Don Draper de Mad Men), prose aux relents hypnotiques censée guider – ou égarer – le spectateur dans le labyrinthe mental de la série. Qui dit labyrinthe dit fausses pistes et détours sinueux, et ils sont légion dans cette reprise aux airs de valse des masques : les rebelles se sont alliés à leurs anciens ennemis de la Division 3, le Shadow King, désormais à la recherche de son corps, est introuvable, et l’amnésie de David semble dissimuler de sombres secrets.

Rien n’est vraiment attendu dans Legion : le QG de la Division 3 abrite un restaurant japonais à comptoir tournant, une bouilloire siffle le désespoir amoureux, et on affronte son Némésis lors d’un battle de danse endiablé. L’overdose n’est jamais loin et le ridicule suinte aux jointures des scènes sans entamer – du moins pour le moment – leur pouvoir de fascination. Assemblées comme les pièces d’un puzzle, elles révèlent même l’élan terrifiant de ce deuxième chapitre, celui d’une folie qui quitte le corps individuel pour se propager, comme un virus, vers le collectif.

PAR

Alexandre Buyukodabas

Les Inrocks

06/04/18 17h30

Legion saison 2, à partir du 8 avril sur OCS max

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