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Kupka au Grand Palais, la conquête de l’abstraction

EXPOSITIONS

Kupka au Grand Palais, la conquête de l’abstraction

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František Kupka, Madame Kupka dans les verticales (1910-1911) huile sur toile.135,5 x 85,3 cm. Etats-Unis, New YorkThe Museum of Modern Art. Hillman Periodicals Fund, 1956

 

De la couleur avant toute chose, du mouvement ensuite, et de moins en moins de forme… Comment au début du XXe siècle, le Tchèque Frantisek Kupka (1871-1957), parisien d’adoption, invente l’abstraction. A découvrir dans la belle rétrospective qui lui est consacrée au Grand Palais.

Fondre dans la couleur ! Assoupi dans un rocking chair, ou peut-être simplement méditant, un homme mince au front d’intellectuel tient dans ses mains un livre. Tout est jaune, vert et orange, aussi luminescent et acidulé qu’on imagine être l’esprit du penseur aux paupières closes. Quelle influence la couleur a t-elle sur l’œil et sur l’âme ? Toute sa vie, la question a passionné Frantisek Kupka (1871-1957), artiste tchèque installé à Paris en 1896. On peut même considérer cet autoportrait, La Gamme jaune (1907), comme sa réponse et son manifeste : de la couleur avant toute chose, jusqu’à la disparition de la représentation.

Une modernité permanente

La rétrospective du Grand Palais (la première à Paris depuis 1989) propose de suivre, à travers près de trois cent œuvres, le cheminement de ce jeune intellectuel vers l’abstraction, dont il est l’un des pères fondateurs, avec Kandinsky et Malevitch. Après des études aux Beaux Arts de Prague, puis Vienne, le jeune artiste originaire de Bohême débarque à Montmartre. Pacifiste, féru de philosophie, végétarien, Kupka fait preuve d’une modernité permanente, que le parcours chronologique retrace. Du symbolisme à la caricature de presse, pour gagner sa croûte, de l’expressionnisme à un détour par la peinture mythologique, Kupka ne rentre jamais dans aucune case. Au détour d’une salle, la couleur finit par prendre le dessus et va impulser son rythme, exactement comme dans L’Eau (ou La Baigneuse), 1906-1909, un des chefs d’œuvre de sa « première période », où une femme nue se fond dans une onde cristalline parcourue de cercles concentriques. Un an plus tard, la même femme, Madame Kupka dans les verticales (1910-1911), disparait dans un canevas de couleurs saturées. Ne reste que le visage, dernier écho à Klimt qu’il admire.

“Je peins des conceptions (…), des synthèses, des accords et ainsi de suite”

Kupka est donc passé dans une autre dimension et on le suit, ébahi, emballé ou fasciné par ses vastes compositions. « Je peins des conceptions (…), des synthèses, des accords et ainsi de suite », disait l’artiste qui ne pouvait pas vivre sans musique. Comme si les tableaux, monumentaux, étaient les réceptacles d’une multitude de sensations sonores et colorées, retranscrites en une variété inimaginable de formes. Ellipses, courbes sinusoïdales, cercles, planètes en apesanteur, cristaux évoquant des villes intergalactiques : Kupka donne vie à une esthétique que la science-fiction inventera un demi-siècle plus tard. La révolution abstraite du Tchèque installé en France, comme celle de son ami et rival Robert Delaunay, n’a toutefois jamais lâché complètement prise avec le monde réel qui lui a donné vie. Dans les dernières années de son existence, il habite à Puteaux et peint des machines, comme celles qui résonnent dans les usines voisines. Sept décennies plus tard, plus d’usines, plus de maisons, rasées pour laisser place au quartier d’affaires de La Défense. Mais trois tours en miroir, en forme de courbes et de contrecourbes, portent le nom de Kupka.

František Kupka. Les Touches de piano. Le Lac (1909) huile sur toile 79 x 72 cm. République tchèque, Prague. Národní galerie v Praze, National Gallery in Prague don, 1946.

 

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